Interview de Marc KELLER
(Joueur au FC Karlsruhe, ancien joueur du RC Strasbourg)
P.C./G.J. : Marc Keller, vous êtes un footballeur connu. Pour des jeunes, vous êtes une vedette, ils achètent le maillot qui porte votre nom. Comment vivez-vous cette notoriété.
M.K. : Lorsqu’on est un sportif, on est naturellement un exemple pour beaucoup d’enfants, car le football est mondialement connu. Tous les footballeurs doivent faire en sorte que l’exemple donné soit positif, lorsqu’on s’entraîne, lorsqu’on s’exprime dans les médias, lorsqu’on signe des autographes, et surtout sur le terrain, où il faut être un exemple vivant, être correct avec l’arbitre. Je suis un joueur qui ne fait pas de fautes graves.
P.C./G.J. : Est-ce que ce rôle vous pèse ou est-ce que cela fait pour vous partie du métier de footballeur" ?
M.K. : Cela fait partie de ce métier. J’ai aussi été élevé dans cet esprit par mes parents. J’ai toujours essayé de vivre ainsi. Je crois que cela a aussi à voir avec la religion. Quand on croit en Dieu il faut avoir un but, une direction. On ne peut pas aller un coup à droite, un coup à gauche. Le but c’est aussi de vivre en bonne entente avec les autres.
P.C./G.J. : Vous parler de votre religiosité. Avez-vous des souvenirs de votre enfance et de votre éducation chrétienne ?
M.K. : Bien sûr. J’ai grandi dans un petit village, j’allais tous les dimanches à l’église, j’ai fait ma communion. Vous savez, aujourd’hui, je n’ai plus le temps d’aller à l’église tous les dimanches, mais on peut aussi vivre à partir d’une morale. C’est important pour moi..
P.C./G.J. : Vous semblez dire que le football a un rôle à jouer dans la société. Quel est-il d’après vous ?
M.K. : Le foot est mon métier, c’est sûr. Mais je considère que les footballeurs ont un rôle à jouer. C’est vrai pour tous les sportifs et particulièrement pour les footballeurs, parce qu’on est connu des gens. Si les gens me voient rouler en ayant bu, ce n’est pas un bon exemple. C’est aussi ne pas être agressif avec les gens, ne pas être agressif sur le terrain. Il faut être agressif dans le bon sens du terme, pour gagner. Il faut essayer d’être un exemple avec une certaine ligne de vie et moi, c’est ce que j’essaye d’avoir.
P.C./G.J. : Pour vous, il existe une éthique du sport ?
M.K. : Tout à fait. Quand j’entends certains joueurs qui disent : "L’important dans une carrière, c’est le palmarès". Ce sont des bêtises. Le plus important, c’est comment on se sent, comment on vit avec les gens, les émotions qu’on peut avoir, ce n’est pas ce qu’on gagne. J’ai passé 10 ans dans le foot. C’est des souvenirs extraordinaires, surtout dans les relations humaines.
P.C./G.J. : Qu’est-ce que vous estimez apporter aux gens ?
M.K. : J’espère amener la joie, des émotions, peut-être aussi un exemple pour les jeunes. Je suis originaire d’un petit village d’Alsace. En partant de là on peut réussir au plus haut niveau. Pourtant je n’étais pas prédestiné à être footballeur. J’étais plus destiné à faire des études. J’ai fait mes études et j’ai réussi dans le foot, alors qu’au départ, tout le monde disait : "Marc c’est un intellectuel, Marc il est trop gentil". Et pourtant tous ceux qui m’ont dit ça n’ont jamais été des internationaux, alors que moi j’ai été en équipe de France. On peut réussir en ayant sa manière. C’est un peu la leçon que je garderai. On m’a souvent dit : "Marc il faut être plus méchant, il faut écraser les autres". Finalement, je pense que j’ai réussi sans écraser les autres. Il y a de place pour tout le monde.
Propos recueillis par Peter Cleiß et Gérard Janus